La chute de Mussolini est le signe éclatant de la défaite certaine de l’Axe. Elle est en même temps la preuve de l’échec du système politique, social et moral qualifié totalitarisme et qui prétendait acheter la grandeur au prix de la liberté.
La chute de Mussolini est pour la France la première revanche de la justice. Par haine et cupidité à l’égard de notre propre pays, l’Italie entrainée par un mauvais chef, s’est jetée dans une guerre qu’elle présumait facile. La nation italienne, que tant d’affinités séculaire devaient faire notre alliée contre tous les barbares du monde, nous frappa dans le dos quand nous tombions sur les genoux. Mais une fois de plus, dans l’histoire, les évènements ont prouvé que si l’on pouvait aisément ajouter aux souffrances et à l’humiliation du peuple français malheureux, on n’en retirait à la longue aucun bénéfice.
L’exemple de Mussolini s’ajoute à celui de tous ceux qui outragèrent la majesté de la France et que le destin châtia. La chute de Mussolini est pour les démocraties, d’abord une justification, puisqu’elle démontre leur capacité de l’emporter sur ceux qui les entravaient ; ensuite, c’est l’occasion de conclure qu’elles sont fidèles à elles-mêmes et qu’elles savent, comme le fit naguère la Révolution Françaises, apporter à tous les pays ou pénètrent leurs armes, le droit et les moyens de pratiquer leurs propres principes.
Quelle que soit l’extrême importance de la chute de Mussolini et de l’ébranlement du fascisme italien, pour la suite des opérations militaires, nous nous garderons de rien prophétiser quant à la date de la victoire ; une chose est certaine ; nos vaillants alliés, ainsi que les forces dont dispose la France combattront jusqu’à la capitulation totale de l’Italie, de l’Allemagne et du Japon. Mais j’espère que le changement de pouvoir à Rome peut poser prochainement la question du règlement des comptes. Or il est évident que, malgré la situation terrible ou se trouve encore notre pays, un tel règlement ne saurait être ni valable ni durable sans la France.
Je dis qu’il ne serait point valable parce que la guerre commencée le 10 Juin 1940 entre l’Italie et nous, par l’agression fasciste contre nos vaillantes divisions des Alpes, n’a jamais été terminée, ni même interrompue. Sur les champs de bataille de Keren, de Massaoua, de Tobrouk, de Koufra, de Bir Hakeim, d’El Alamein, du Fezzan et récemment à l’aile gauche, au centre, à l’aile droite du front victorieux des Alliés en Tunisie, toute les forces françaises poursuivirent la lutte non sans gloire et non sans pertes.
Tandis que sur notre territoire même, en Savoie, en Corse, et sur la côte méditerranéenne, l’armée italienne traitait nos compatriotes comme d’irréconciliable ennemis et prélevait chaque jour sur nos ressources vitales réquisitions et des indemnités écrasantes.
Je dis aussi qu’une liquidation éventuelle de la guerre italienne ne pourrait être durable sans la France. En effet, la géographie, l’histoire, l’économie, la culture, la religion font les traditions. Les territoires, les échanges d’idées et de croyance sont à ce point rapprochés et mêlés qu’il n’y a pas de règlement général concernant la péninsule qui n’affecte pas profondément la France et qui par conséquent puisse constituer une base d’avenir si nous n’y participons pas.
Nous n’hésitons pas à ajouter que ce voisinage étroit et, dans une certaine mesure, cette interdépendance des deux grands peuples latins, demeurent, dans la tourmente actuelle de l’humanité et malgré tous les griefs du présent, des éléments sur lesquels la raison et l’espoir de l’Europe ne renoncent pas à se poser.
Le peuple français peut être certain que le Comité de la Libération fera tout pour accomplir la tache dont il assume la responsabilité, les Nations Unies peuvent être assurées qu’elles trouveront par lui le concours fidèle et éclairé de la France.