référencé comme le « Kraftwerk Nordwest KNW - n°1355 »
Octobre 2009
Comme souvent, trouver le musée se mérite, le fléchage est « discontinu » ... Rassurez-vous, sa visite vaut les efforts à réaliser ! Rendez-vous près de Watten en lisière sud de la forêt d'Eperlecques, à 11 kilomètres au Nord-Ouest de St Omer dans le Pas de Calais.
Premier intérêt : les constructeurs :
Si la main d'œuvre nécessaire à la construction du « Mur de l'Atlantique » était « libre » pour l'immense majorité, c'est-à-dire rémunérées. Ici l'organisation Todt a utilisé des prisonniers de guerre majoritairement russes et des déportés qui ont dû travailler à l'édification de cette véritable cathédrale de béton entre mars 1943 et 1944 ! Donc la visite démarre avec les tristement célèbres wagons français : « 8 chevaux-40 hommes »utilisés pour le transport de ces travailleurs-esclaves.
Deuxième intérêt : le bunker en lui-même :
Le « grand bunker » mérite bien son nom, il est gigantesque au milieu de sa clairière. On manque d'ailleurs de recul pour faire des photos rendant sa taille. On comprend d'emblée qu'il devait faire une cible de choix pour les bombardiers alliés et explique aussi malheureusement le choix allemand de la main d'œuvre appelée à y travailler et à y mourir...
Ce bunker multi-rôles devait servir d'usine de production des gaz servant de combustible (de l'oxygène ici), d'usine d'assemblage des fusées et de base de lancement de cette arme secrète. Les fusées devaient y effectuer un parcours d'assemblage comme pour les voitures aujourd'hui ! Sa conception datait d'une période où la Luftwaffe dominait encore le ciel mais lors de sa construction...
Heureusement les bombes alliées « Tall boys », spécialisées en pénétration et destruction d'ouvrages épais (abris à sous-marins, barrage hydro-électriques, etc ), ont eu raison du toit anti-bombe de 12m et le projet a été stoppé. Le raid décisif est celui du 27 Août 1943 qui comprenait 4 vagues successives : 1ere vague à 18h46 : 48 chasseurs et 72 B-17, 2eme vague à 19h26 : 96 chasseurs et 36 B-17, 3eme vague à 19h30 : 72 chasseurs et 36 B-17 et enfin dernière vague à 19h39 : 59 chasseurs et 41 B-17. Les chasseurs étaient des Spitfires britanniques et des P-47 américains. Au total, il y eut 448 Spitfires, 173 P-47 et 185 bombardiers qui participèrent à ce raid. Les pertes furent de 5 Spitfires et de 4 B-17.
C'est durant cette opération qu'a été abattu le célèbre commandant René Mouchotte des FAFL (connu pour ses carnets*).
L'intérieur du bunker confirme la démesure du projet ! L'épaisseur de la porte en donne d'ailleurs une illustration : plus d'un mètre d'acier et de béton! Une maquette d'une fusée V2 « grandeur nature », 14 m de haut et 3,5 de large destinée à emmener une tonne d'explosif, nous permet de mieux visualiser la conception du bâtiment avec ses trois étages (non-accessibles).
Aucune fusée n'a donc été tirée de ce site. Mais savez-vous que 19 V2 ont été lancées contre Paris à partir des Ardennes belges avec un premier tir le 8 septembre 1944 réalisé par la 444ème Batterie Expérimentale, Artillerie Abteilung 836 (sources extraites du livre de Karsten POREZAG, « Geheime Kommansache ») ?
Le troisième intérêt : la rampe de lancement des bombes volantes V1 :
Historiquement, absente de ce site, elle y a été installée pour former un ensemble muséographique cohérent sur les armes secrètes de l'Allemagne nazie. La rampe présente sa bombe en phase finale et chose rare, sa masselotte d'équilibrage nécessaire à son guidage. Il nous manque bien sûr le bruit assourdissant du pulso-réacteur de la bombe en fonctionnement !
En bonus, le parcours est agrémenté de différents matériel alliés : canon de DCA de 40 mm Bofors, GMC, half-track, remorques diverses et allemands : sous-marin de poche utilisé contre la flotte de débarquement et obstacles de plage. Des explications sonores sont également fournies tout au long du parcours.
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Donc ma recommandation : un musée privé à faire absolument !