Passionné de matériel militaire, je savais que dans le petit village de Stonne, quinze kilomètres au sud de Sedan dans les Ardennes, le meilleur des chars français de la WW2 était exposé : un « B1-Bis », (et à ma connaissance, un seul autre exemplaire est visible au musée des blindés à Saumur). Lors de cette visite, on découvre d'autres matériels français : un canon de 75mm modernisé 1935 et un canon de 47 mm anti-char. (J'oublie volontairement l'AMX 13 qui n'a rien à voir avec cette époque).
Rappel historique sur cette bataille défensive victorieuse :
Le 14 mai, la brèche dans le dispositif français est faite par les Allemands entre la 2eme armée commandée par le général Huntziger et la 9eme armée commandée par le général Corap : c'est la percée de Sedan réalisée dans le cadre du célèbre « Plan Jaune » ou encore « coup de faux ». Les français de la 3 DIM rattachés à la 2éme armée s'établissent sur la ligne Stonne-Forêt de Mont-Dieu bloquant les mouvements allemands durant tout le mois de mai. De plus, cette position surélevée d'une centaine de mètres formait un excellent point de départ à une contre-attaque des arrières allemands...
Le 15 mai, déclenchement d'une offensive coordonnée allemande sur la position de Stonne, les combats sont d'une extrême violence : le village change de mains 19 fois en 3 jours ! Il est évidemment rasé lors de ces combats. Le front fait alors 11 km de large sur 5/6 de profondeur. Et c'est l'une des toutes premières batailles de chars de la seconde guerre mondiale. Les pertes sont de 33 chars et 1000 hommes du côté français et de 24 panzers et 3000 hommes du côté allemand. Le gros de l'effort de la bataille a été fourni par la 3eme division d'infanterie motorisée (en réalité, seule son artillerie est vraiment motorisée !) et par la 3eme division cuirassée de réserve (environ 130 chars dont une soixantaine de « B1 ») aidée lors de leur retraite de la 6eme division d'infanterie coloniale.
La bataille de Stonne fut le « Verdun de 1940 » pour l'armée allemande ! Dixit
Le circuit :
Nous n'avons pas entièrement réalisé le circuit voulant aussi voir l'ouvrage de la Ferté (de la ligne Maginot). A refaire donc ! Le circuit est balisé avec des petites pancartes représentant un char B1 et les points intéressants des combats sont expliqués dans des panneaux cerclés de bois.
Pour illustrer les combats et les exploits des troupes françaises, je vais vous en relater ici certains épisodes :
- A Stonne même, le 16 mai à 6h du matin, le capitaine « Billote » commandant du char B1-bis « l'Eure » contre-attaque suivi de fantassins du 3eme bataillon du 51 RI. C'est la surprise chez les allemands de la 10eme Panzerdivision et du régiment d'élite Grossdeutschland ! De son char, il voit aligner sur 2 rangs une colonne de blindés ennemis ! Il ordonne à son artilleur du canon en casemate de75 mm de prendre une rangée, lui s'occupant de l'autre avec son canon sous-tourelle de 47 mm. Le blindage du char B1 est le plus épais de ce début de guerre, il résiste à tous les impacts qu'il reçoit ce jour là : plus de 100 ! Il détruit par sa seule action 13 chars allemands !!! Nous avons donc nous aussi notre « Wittman ». Le régiment Grossdeutschland abandonna évidemment le village de Stonne dans un repli désordonné...
- A l'ouest du dispositif, ce tient la ferme des Cendrières, elle est tenue par la 7eme compagnie du 67eme RI. Elle est attaqué dans les règles de l'art le 17 mai après-midi, les français contre-attaquent, des corps à corps ont lieu. Finalement les allemands se retirent en laissant une centaine de morts et de nombreux blessés derrières eux. Et surtout, cette vingtaine de français font presque 70 prisonniers de la 79eme Infanterieregiment !!!
- La ferme tombera finalement le 23 mai après trois heures d'assaut. Il ne reste alors que 30 hommes sur les 150 (au matin)et plus aucun officier. Les prisonniers français partent en laissant le champ devant la ferme couvert de morts allemands. Les allemands rendront hommage à la valeur de ces combattants en enterrant leurs morts et en leur rendant les honneurs. Aujourd'hui, sans le panneau explicatif, cette ferme ne serait qu'une tranquille exploitation agricole comme les autres.
- Dans un combat d'infanterie, l'artillerie peut jouer un rôle primordial en bloquant les mouvements de l'ennemi. Et ce qu'elle réalisa plusieurs fois. Dans le petit village de Sy, on peut voir exposé le canon de 75 mm. Le 23 mai en fin d'après-midi, l'encerclement de la 3eme DIM est presque réalisé par les allemands, seuls les canonniers tiennent ouvert un passage/couloir de 2,5 km. A titre d'exemple, la 15ème batterie du 242ème RA doit tirer à vue, sans réglage, sur l'ennemi car ils n'ont plus de couverture d'infanterie ! Ils tirent avec leurs trois pièces restantes mille cinq cent obus soit 24 tonnes d'explosifs, l'ordre est « hausse minimum avec fauchage à droite et à gauche à volonté »...
Si vous souhaitez en savoir plus, je vous conseille la lecture/l'étude de « la bataille de Stonne mai 1940 » de M Jean-Paul Autant, édition Bénévent 2009. C'est un excellent ouvrage avec une iconographie dès plus fournie.
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Donc ma recommandation : circuit très intéressant dans une belle et vraie campagne.