Série de deux articles où le narrateur est Marcel Fèvre, chirurgien au service de Santé des armées lors de la guerre.
Lorsque devenu trésorier de l’U.F.N.M.R., nous voulûmes, avec notre président Lardennois et notre secrétaire général Huber, essayer d’obtenir un peu plus de justice pour cette catégorie d’officiers, nous parcourûmes d’abord les ministères. A la 7e Direction, une apparente compréhension accueillit nos projets, mais nous fumes soigneusement renvoyés à des chefs de bureaux que révoltait l’idée de toute modification possible ! J’ai mesuré à ce moment la faiblesse de ceux qui doivent diriger une section de ministère… Ils sont en général d’esprit ouvert, mais les bureaux restent immobilisés, dans le temps et l’espace !
La vie, les êtres changent, évoluent continuellement. Que serait ma chirurgie si j’en restais à celle que de vénérés maitres m’ont apprise voici vingt ans ! Mon métier reste une perpétuelle transformation, et j’apprendrai jusqu’à mon dernier jour. Toutes les lois particulières doivent pouvoir se modifier suivant l’évolutions des faits. Mais rapidement, pour le cas des officiers des armes passant dans le Service de Santé, il devenait évident que le ministère ne proposerait d lui-même aucune modification. Lorsque nous butons sur un obstacle, en chirurgie comme à la guerre, les deux métiers dont j’ai quelque expérience, le choix s’offre : attaquer de front et démolir, ou tourner la résistance. Une petite exploration, une reconnaissance se justifient avant la décision. Je m’adressais donc à l’autre source qui pouvait donner l’impulsion pour modifier le texte, aux parlementaires.
J’avoue avoir été agréablement surpris. La compréhension et le désir d’aboutir effectivement étaient manifestes, quelles que fut l’opinion politique de mes interlocuteurs. Tant d’homme, en apparence opposés, agissent de même manière devant les faits et les mêmes responsabilités ! Le docteur Dezanauld prit avec l’intelligence la question en main. Nous étions déjà à l’été de 1939 ; la guerre survint. Mais ce problème des armes passant dans le Service de Santé se posera à nouveau. Il mérite d’être résolu, d’autant que notre armé de 1945 ne comptait pas grand monde. Mais ceux qui se sont trouvés retardés dans leurs études, alors que les étudiants en majorité ont continué à prendre leurs inscriptions, reportant l’incorporation aussi tardivement que possible, en utilisant les possibilités des sursis. Le jour de la thèse viendra beaucoup plus tôt pour eux que pour ceux qui se sont battus. Et les anciens officiers des armes de 42-45 et les médecins auxiliaires, non docteurs en médecine de 42-45, qui seront partis faire leur devoir se trouvent à nouveau en retard sur ceux qui seront restés « pénards » dans les Universités !
Le fait est tellement vrai qu’à l’heure où j’écris, cette situation se fait déjà sentir à l’armée : nous pourrions et devrions nommer sous-lieutenant, lieutenant, des jeunes peu incorporés, mais qui ont continué leurs études. Ceux qui, depuis trois ans, les uns partis en Afrique, d’autres ayant peinés dans les prisons espagnoles, se battaient, au lieu de fréquenté les Facultés, qui peut être pendant ce temps serait devenus internes, restaient médecin auxiliaire ! Injustice flagrante et qui persistera, si les années ou de médecin auxiliaire ne sont pas ajouté à titre d’ancienneté au grade initiale d’officiers obtenu au moment de la thèse.